19 – Des banques en difficulté

Dans un monde désormais dominé par les éléments de langage, décrypter la situation réelle d’une entreprise s’avère complexe. Mais pas impossible, en s’appuyant notamment sur le regard d’experts.

Depuis près d’un an, nous réalisons chez MEAFINANCES l’absence avérée de volonté des banques françaises de prêter pour de l’immobilier, même pour des clients entrants dans les fameux critères HCSF !

Laissons de côté pour un prochain article, l’impact sur notre économie que cela aura à court et moyen terme.

Analysons plutôt les raisons de cette situation et ce, en s’appuyant sur les résultats publiés par les banques françaises sur le 1er semestre 2023.

On y constate une baisse de la Marge Nette d’Intérêts, mesurant la marge générée par une banque dans son métier de transformation de l’épargne en crédits (rapportant théoriquement un taux supérieur). Cette marge subit une baisse de 18% à la Société Générale, de 25% pour la Banque Populaire et de 34% pour la Caisses d’Épargne ; un phénomène brutal rarement vu dans l’histoire bancaire française.

Et si on se concentre sur la rentabilité, les chiffres sont éloquents: les banques françaises enregistrent de forts reculs de leurs résultats d’exploitation, allant de -21% (Crédit Mutuel) à -52% (Société Générale).

Face à ce phénomène soudain, les banques en difficulté se voient dans l’impossibilité d’ajuster leurs charges en proportion, celles-ci étant principalement composées de la masse salariale et des moyens informatiques en place.

Heureusement pour elles, leur coût du risque (soit les pertes ou anticipation de pertes sur les crédits octroyés) bien qu’augmentant sur les derniers mois, s’avère extrêmement faible.

Des facteurs primordiaux spécifiques au marché français

Le français n’aime pas le risque, c’est bien connu, alors accepter un prêt à taux variable…

En conjuguant ainsi le phénomène de hausse brutale des taux réglementés d’épargne (Livret A, LDD, LEP), des coûts de financement sur le marché inter-bancaires, du taux directeur de la BCE et du plafonnement mécanique du taux d’intérêt (fixe) des crédits octroyés (le taux d’usure, fameuse spécificité française), voilà comment créer un marché sur lequel le prix d’achat de votre matière première flambe, mais vos ventes sont plafonnées en prix, avec des encaissements étalés sur de très longues durées (20 à 25 ans en moyenne). Soit une situation à fuir pour toute entreprise digne de ce nom …

Oui mais voilà, le crédit est essentiel à notre économie, les banques doivent prêter à hauteur d’un certain volume pour alimenter la machine… Et c’est ainsi que l’on se retrouve avec des banques en difficulté.

Des banques en difficulté, mais…

Des solutions (à débattre bien sûr) existent :

  • Favoriser la concurrence bancaire: pourquoi l’apparition de nouveaux acteurs sur le marché bancaire est-elle si rare ? L’explication est-elle seulement une rentabilité limitée ? N’y a-t-il pas un blocage des pouvoirs publics, seuls capables de distribuer le précieux sésame de l’agrément bancaire ? A contrario, la limitation du nombre d’acteurs ne nous protège-t-elle pas de faillites soudaines de trop petits acteurs, comme vues récemment aux Etats Unis ?
  • Supprimer le taux d’usure: initialement mis en place pour protéger le particulier face à des taux d’intérêts abusifs, celui-ci a-t-il encore un sens à l’heure des comparateurs en ligne et avec une réelle ouverture à la concurrence, précédemment citée ?
  • N’est-il pas temps d’éduquer plus sérieusement les français à la finance, voire à la notion essentielle de risque VS rentabilité ? Est-ce vraiment si dramatique d’avoir un taux variable qui peut effectivement et ponctuellement impliquer une augmentation de la mensualité et/ou de la durée d’amortissement du prêt ?

Des banques en difficulté, réellement ?

Les banques vont-elles mettre la clef sous la porte ? C’est peu probable. Elles font partie des mieux capitalisées au monde, leurs ratios de solvabilité étant bien souvent parmi les meilleurs. Oui mais auront-elles encore envie de distribuer du crédit à l’avenir en France, dans un pays culturellement obsédé par la règlementation et l’appel à l’Etat au moindre soubresaut, et profondément fermé au risque ? Ne vont-elles pas chercher de la rentabilité ailleurs ? D’ailleurs, n’ont-elles pas déjà commencé ?

Et n’est ce pas, maintenant plus que jamais, le meilleur moment de faire appel à un expert pour vous faire bénéficier de son réseau, de sa maîtrise des règles et de sa disponibilité ?

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